BLOG D'UN VIERZONNAIS





lundi 29 juin 2015

L'ENTREPRISE GRECE

Le cas de la Grèce ressemble beaucoup à ce que connait un chef d’entreprise.
 
Que connait un chef d’entreprise ?
 
Avant de travailler avec un client, donc un prospect, il essaie de se renseigner sur ce dernier. Qui est-il (son patron ; pour un pays : le chef d’Etat) ? Quels sont ses produits ou services (pour un pays : son PIB et sa composition) ? Qui sont ses clients (pour un pays : avec qui commerce-t-il ?) ? Qui sont ses créanciers (pour une entreprise : ses fournisseurs, ses banques, ses créanciers, ses actionnaires, ses salariés ; pour un pays : ses fournisseurs, ses banques, ses créanciers, son peuple, les avoirs de ce dernier) ? Quel est sa taille (pour une entreprise : son chiffre d’affaires, son effectif, ses filiales ; pour un pays : son PIB, son peuple) ? En fait, le maximum de renseignements possibles. Pour l’y aider, le patron comme le chef d’Etat a ses services, son personnel, des sociétés de cotation (en France : la COFACE, ASSURCREDIT, ...), des sociétés d’assurances. Le choix de travailler ou pas avec un nouveau client est important : le fait de l’avoir ou pas peu conditionner la survie ou le développement de son entreprise. Manquer un client peut être fatal mais en avoir un qui ne vous paie pas peut l’être tout autant. Pour un pays, c’est pareil. Il est vrai que tout chef d’Etat peut fermer ses frontières. Aujourd’hui sur le papier. Mais cela risque vite de l’asphyxier et de tuer son peuple. L’exemple de la Corée du Nord en est un. Mais trop ouvrir ses frontières peut le tuer tout autant : cela n’existe pas vraiment, même si certains le revendiquent. Cela s’appelle le libéralisme (ou le capitalisme sauvage) mais aucun pays ne le pratique vraiment, même si certains sont plus libéraux que d’autres. Tous les pays ont des lois protégeant leur peuple et leur marché intérieur (souvenez-vous des lois du Japon fermant ses frontières aux produits de ski venant de l’étranger sous prétexte que sa neige est différente de la nôtre : c’était juste une loi protectionniste pour sauver son industrie du ski et ses emplois ; mais nous ne sommes pas meilleurs).
Le chef d’entreprise peut prendre des garanties (assurance-crédit, clauses bénéficiaires, droit de propriété, ...) mais cela aura obligatoirement un coût venant soit renchérir son prix de vente au risque de ne pas vendre , soit rogner sa marge, soit les deux. Un chef d’Etat peut faire de même. Avec les mêmes conséquences.

 
Vous me direz : “Pour la Grèce, ce n’est pas la même chose puisque nous leur avons juste prêté de l’argent”. Nous leur avons prêté de l’argent moyennant intérêt (quand nous plaçons nos économies en assurances vie, assurances retraite, livrets A, B, CEL, PEL, ... , ce n’est pas pour rien, même si c’est peu) mais cela est aussi fait sous forme de produits et services fournis. L’un de nos crédits fait à l’entreprise Grèce est tout simplement du crédit fournisseur. Et un prêt est un produit. Si vous prêtez de l’argent à un de vos amis, ce n’est pas un don. Vous voulez revoir cet argent sous un certain délai, peut-être avec intérêt.
 
En l’espèce, l’entreprise France, directement ou via l’entreprise Europe, a prêté de l’argent à l’entreprise Grèce pour qu’elle se relève. Mais elle ne se relève pas. Pire : elle réclame de nouveau de l’argent en menaçant de ne pas nous rembourser. Un peu comme si votre client ne vous payait pas vos produits et services mais vous réclamait de poursuivre vos livraisons. Mais vous, patron de l’entreprise France, vous faites comment pour payer vos salariés (fonctionnaires, retraités, chômeurs, ...) ? Vous faites comment pour payer vos propres fournisseurs (banques, donc nous, à commencer par nos retraités ?). Pour M. MÉLENCHON, ce n’est pas grave. La dette de l’entreprise Grèce n’existe pas. Et si on nous réclame de l’argent, on ne paiera pas non plus (nos retraités et fonctionnaires vont être mal, les autres aussi et rapidement). A défaut, on vendra les machines de l’usine. Bref, on bradera la France. Et rapidement on fermera nos frontières, on reviendra à la monnaie en pièces d’or, avec le paiement d’une taxe pour emprunter les ponts, les routes, ... Bref, on retourne au Moyen-âge. Et encore : sous les carolingiens, voire les mérovingiens. Prend-t-il des cours pour dire des stupidités comme ça ?
 
Maintenant, que devons-nous faire ? Que doivent faire le patron de l’entreprise France, les patrons de l’entreprise Europe, les autres (le FMI, ...) ? Soit on coupe tout aux grecs, les plaçant dans un grand, un très grand embarras (en fait, on les jette dans la misère à brève échéance) mais on risque de s’asseoir sur toute ou partie de notre créance, donc de nous mettre aussi dans l’embarras (quand vous comptez sur le retour d’une somme qu’un ami vous doit et que ce dernier ne vous paie pas ou avec retard... un de mes clients m’a laissé une ardoise de 80 000 €uros en 2008 ; mon entreprise a mis trois ans à s’en remettre, alors, pour plus de 100 milliards d’€uros...). Soit on continue et... on risque de retrouver le même problème à la prochaine échéance. Sauf que l’entreprise Grèce nous devra beaucoup plus.
 
Alexis Tsipras
Mais que veut l’entreprise France ou l’entreprise Europe ? Un peu la même chose que veut un juge au tribunal de commerce pour une entreprise en difficulté : un plan pour repartir. Et, sous certaines conditions, il négociera les dettes de cette dernière, voire un prêt. Sauf que l’on ne peut mettre un pays en redressement judiciaire. Les créanciers de l’entreprise Grèce que nous sommes sont en direct avec elle. Le plan proposé par le patron grec Tsίpras n’est pas suffisant pour les patrons français et européens. Il prend le risque de sa faillite en rejetant la faute sur son propre peuple en faisant un référendum, un peu comme si un patron en faillite demandait à ses salariés de choisir qui devrait être licencié, qui devrait avoir son salaire réduit, tous les choix qui incombent à sa fonction. Outre que ça manque de courage, cela a peut de chance de fonctionner mais c’est habile en terme de communication. Et coûteux.
 
Des portes de sortie existent. Aucune n’est satisfaisante pour aucune des parties. DSK en a proposé certaines. PIKETTY d’autres. D’autres encore. Mais ce qui est certain, c’est que, quelle que soit celle prise, elle sera difficile à franchir. Pour les patrons et entreprises France, Grèce, Europe, ... Monde.

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