BLOG D'UN VIERZONNAIS





dimanche 28 juin 2015

ONE MAN SHOW

Le tout récent ex-président de la Communauté de Communes Vierzon-Sologne-Berry et ex-député Jean-Claude SANDRIER n’a pas pris sa retraite. Non : à 70 ans, il se reconvertit et se lance dans le one-man show, prêt à faire son spectacle comico-sophiste sur toutes les scènes de France (et d’ailleurs) : “La dette ? Quelle dette ?”.
 

Dans un monologue digne de la dialectique jésuite ou communo-staliniste, Jean-Claude SANDRIER annule notre dette. Jugez-en par vous même, reprenant ses propos eux-mêmes repris par le Berry Républicain du 27 juin.
 

“La dette s’établit en France à environ 2 000 milliards d’€uros. Mais l’ensemble des actifs de la France (financiers et non financiers) représente 2 350 milliards d’€uros”. Si je comprends bien, le fait de posséder quelque chose annule la dette du possédant ? Non : il l’a cautionne et permet de l’obtenir. Si vous voulez emprunter 10 000 €uros, ce sera plus facile si vous les possédez déjà et vous permettra de négocier le taux. Vous me répondrez : “A quoi cela sert-il d’emprunter 10 000 €uros si je les ai déjà ?”. Et je vous répondrai : “A avoir une capacité d’achat de 20 000 €uros”. Autre remarque sur cette phrase : le problème d’avoir un actif non financier est de le transformer en actif financier. Je connais beaucoup de vierzonnais qui me disent que leur maison vaut X €uros mais elle ne vaut que ce quelqu’un est prêt à mettre de suite. Vous pouvez dire que votre maison vaut 300 000 €uros : si un acheteur vous en propose 100 000 €uros au moment où vous voulez la vendre, elle n’en vaudra que 100 000 €uros.

 

“Si l’on nous dit que chaque français est endetté de 30 000 €uros, il faut dire qu’il est riche de 36 000 €uros”. Alors là, c’est la phrase la plus incompréhensible. Où a-t-il été trouver cette démonstration ? Pour les 30 000, je veux bien l’admettre, pensant qu’il a divisé les 2 000 milliards de dette par le nombre de français, du nourrisson au vieillard, mais comment arrive-t-il aux 36 000 ? Mystère et boule de gomme. Le plus fort reste à venir puisqu’il contracte cette dette sur 7 ans sans en expliquer la raison. Ainsi, toujours pour Jean-Claude SANDRIER, la dette publique ne représente pas 92 % de notre PIB mais... 13 % ! Recadrons les choses : la dette de la France est l’ensemble des sommes empruntées par l’Etat, les collectivités locales et les organismes publics pour leurs investissements ou leur fonctionnement. Selon Alternatives Economiques, les deux tiers de notre dette sont détenus par des étrangers (Etats, entreprises, banques, particuliers, ...), même si nos trois plus gros créanciers sont les français AXA, ALLIANZ et M.M.A. (où croyez-vous que sont investis nos assurances vie et autres placements “sûrs” ?).
 

“Les causes (de la dette) ne sont pas la dépense publique mais la fraude fiscale (80 milliards d’€uros), les cadeaux fiscaux et sociaux aux entreprises qui dépassent aujourd’hui les 200 milliards d’€uros, l’obligation faite à l’Etat d’emprunter sur les marchés financiers privés depuis les années 1970 et à des taux le plus souvent supérieurs à notre taux de croissance (50 milliards d’€uros environ). Sans oublier l’argent public versé pour secourir les spéculateurs ... (600 milliards €uros)”.

Première réponse : 80 + 200 + 50 + 600 = 930. Hors, à moins que M. SANDRIER réfute également les mathématiques, 930 milliards d’€uros n’égalent pas 2 000 milliards d’€uros. Il en demeure une différence de 1 070 milliards d’€uros ! Donc à peine moins de la moitié du PIB français (2 232 milliards d’€uros en 2014 selon l’INSEE).

Seconde réponse : les “600 milliards” prêtés par la France aux “spéculateurs” que nous sommes au travers des banques et assurances (nos assurances vie, nos CEL, PEL, livrets A, B, ... nos placements peu rémunérés mais sûrs et nos comptes bancaires garantis) ont rapporté à l’Etat (rapport parlementaire suite à la crise de 2008).

Sur les cadeaux fiscaux et sociaux aux entreprises, ils ne sont que le juste retour de prélèvements indus. Comme salarié et patron, j’ai toujours été d’accord pour payer des impôts et des cotisations sur ce que je gagne mais pas sur ce que j’ai et que j’ai payé avec ce que l’Etat et les organismes sociaux m’ont laissé sur ce que j’ai gagné dans le passé. De plus, ces “cadeaux” sont accompagnés de hausses de cotisations retraite, de la création d’assurances “santé” complémentaires, du financement des syndicats ouvriers (0,016 % de la masse salariale), de la création du compte pénibilité, de la DSN, ... Sans ces “cadeaux”, M. SANDRIER, plus de la moitié des sociétés françaises seraient en redressement judiciaire ou liquidées, avec leur cortège de chômeurs les suivant !

Les seuls points où je rejoins M. SANDRIER sont la fraude fiscale et l’obligation d’emprunter, pour les Etats, sur le marché privé. Mais qui peut être d’accord avec la fraude ? Qui peut être d’accord avec l’illégalité ? Ou alors que ceux qui fraudent aillent jusqu’au bout : qu’ils quittent le pays et changent de nationalité. Mais en payant d’abord ce qu’ils doivent. Sur l’obligation d’emprunter sur les marchés privés, je suis plus sur la réserve, ne sachant pas encore pourquoi cela a été mis en place dans les années 70 mais étant certain que cela a dû être fait par des personnes honnêtes et soucieuses du mieux pour nous tous.
 
Dans l’attente, le show de Jean-Claude SANDRIER se poursuit et c’est bien dommage. Pour nous comme... pour lui.

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