BLOG D'UN VIERZONNAIS





mardi 10 septembre 2013

EDUCATION : J'AI FAIT UN RÊVE

Le domaine est sensible. Et l’objet de maints débats et discussions. A l’Assemblée Nationale, à table, entre amis, entre adversaires, dans les bars, en famille. Et tous y participent. D’abord parce que tous l’ont connu ou le connaissent encore, comme élève, ancien élève, parent, professeur, employeur ou salarié. L’objet du débat : notre éducation scolaire forme-t-elle correctement nos enfants ? Perfidement, j’ajouterai : mais notre éducation scolaire a-t-elle déjà formé correctement ?

Fort de mes expériences (j’ai quitté le système scolaire à 21 ans) de cancre (j’ai redoublé deux fois mais je n’ai jamais su si c’était parce que j’aimais trop l’école ou parce que l’école m’aimait de trop) ou de premier de la classe, rarement en milieu de classement, de chômeur (3,5 ans sur toute ma carrière professionnelle), de salarié (plus de 14 ans, en secteur privé comme en secteur public), sous contrat précaire ou sous contrat à durée indéterminée, d’élu du personnel (6 ans), d’élu de la République, de magistrat (10 ans conseiller prud’homal) et d’employeur (plus de 8 ans), et riche d’échanges, de lectures et de réflexions, je pense pouvoir émettre un souhait sur un nouveau système scolaire pour celui que la plupart des experts mondiaux jugent en perte de vitesse (cf. site Eurydice) et perfectible. Un système que je constate, comme professionnel de l’emploi depuis plus de 20 ans, de moins en moins adéquat pour former nos jeunes à leur épanouissement, tant professionnel que personnel. A qui la faute ? Aux parents ? Oui. Aux enseignants ? Oui. Au système ? Oui. Aux enfants (et adolescents) ? Oui. En fait, à tout le monde… Mais peu importe le ou les coupables, ce qui m’importe, c’est comment y remédier. Alors j’ai fait un rêve…

J’ai fait le rêve d’être Ministre de l’Education.

Et si j’étais Ministre de l’Education, je prendrai les mesures suivantes.

1) La fin de “l’école pour tous”.
Entendons-nous bien : je ne refuse pas l’école pour tous mais je refuse la MÊME école pour tous. En clair : comme nous ne sommes pas physiquement égaux (il y a des petits, des grands, des maigres, des gros, des faibles, des forts, …), comment voudriez-vous que nous soyons tous égaux devant l’éducation ? Certains ont besoin de temps pour apprendre, d’autres apprennent du premier coup, sans beaucoup se concentrer, sans beaucoup travailler, voire en ne travaillant pas du tout. Ainsi, chaque année, selon une mesure sur laquelle je reviendrai, je classerai pour l’année suivante les enfants et adolescents en 3 catégories.
La première regrouperait les élèves ayant le plus de facilités. Chaque classe pourrait compter entre 25 et 35 élèves et pourrait recevoir un enseignement de professeurs pédagogiquement moins expérimentés.
La seconde regrouperait les élèves aux capacités moyennes, normales. Chaque classe compterait entre 15 et 25 élèves.
La troisième regrouperait les élèves ayant le plus de difficultés. Chaque classe compterait moins de 15 élèves et recevrait un enseignement délivré par des enseignants pédagogiquement plus expérimentés.

2) La fin des notes.
Noter les élèves m’a toujours paru stupide. Qui plus est : humiliant quand on a une mauvaise note. Puis, entre un 6 et un 8 ou un 12 et un 14, surtout dans des matières comme le français, la frontière est ténue. Subjective. Pour un même devoir, certains professeurs pourraient accorder un 11 ou un 12 pendant que d’autres ne consentiraient qu’à attribuer qu’un 8.
En outre, en entreprise, sur le lieu de travail, je ne connais aucun employeur qui note ses salariés. Soit le travail est fait, soit il est en cours de réalisation, soit il n’est pas fait. En outre, soit il est fait, donc bien fait, soit il est mal fait et donc à refaire.
Pour ma part, en milieu scolaire, il devrait en être de même : soit le savoir est acquis, connu et maîtrisé, soit il est en cours d’acquisition, soit il n’est pas acquis, en connaissance ou en maîtrise. Il n’y a plus de classement, plus d’humiliation, plus de crise d’orgueil. Il n’y a plus que des savoirs acquis (vert), en cours d’acquisition (orange) ou non acquis (rouge).
3) La fin des redoublements.
Dans mon rêve, en juin, des professeurs différents de ceux que chaque élève connaît dans son année scolaire contrôlent son savoir, sur le mode préalablement défini. Les savoirs sont acquis, en cours d’acquisition ou non acquis. Et c’est fonction de ces résultats que l’élève sera placé l’année suivante dans une classe A, B ou C. A de rares, très rares, exceptions, il n’y aurait plus de redoublement.

4) Un recentrage de l’école primaire.
Ministre de l’Education, je réformerai les rythmes scolaires de l’école primaire comme il suit : 4 heures de cours, uniquement le matin, de 9h à 13h, avec deux récréations d’1/4 d’heure, histoire de maintenir la concentration. Et je recentrerai les programmes du matin sur les savoirs de base que sont : lire, écrire et compter. Aucun enfant entrant au collège ne devrait y entrer sans les connaître et les maîtriser. Et avec mon idée préalablement définie (un contrôle tous les ans), ce serait impossible. Ou extrêmement marginal.
Chaque après-midi, après le déjeuner et un temps de repos, serait consacré à l’apprentissage de savoirs sur un mode ludique : la chronologie de notre histoire, la morale républicaine et l’apprentissage de la langue anglaise en tête, les arts, les sports (notamment apprendre à nager) et l’écologie ensuite.
5) Un collège en deux parties.
La sixième et la cinquième seraient la poursuite de l’école primaire, approfondissant la maitrise des savoirs de base, faisant évoluer la chronologie historique vers l’histoire, introduisant la géographie, abordant les sciences physiques, chimiques et biologiques, surtout sous l’angle de la préservation de l’environnement, les arts, l’éducation manuelle et technique.
La quatrième et la troisième, seconde partie du collège, verrait une nouveauté, un retour aux sources : le retour de l’apprentissage dès la quatrième. Mais pas par dépit : par choix de l’élève, avec avis des parents et du corps professoral. Seule l’union de ces deux parties pourrait aller contre le désir, la volonté de l’élève. En circuit général, la quatrième et la troisième seraient pédagogiquement la poursuite de la sixième et de la cinquième, évidemment.

6) Un lycée de plus en plus spécialisé sur une famille professionnelle, un métier.
J’ai toujours été frappé par la distinction que l’on fait entre métiers “intellectuels” et métiers “manuels”. Pour moi, certains métiers demandent plus de connaissances livresques que d’autres. Certains s’apprennent par la lecture, l’écriture ou l’élocution du professeur, d’autres par la démonstration et l’exécution. Par exemple, raboter une planche peut s’expliquer par la lecture ou l’enseignement oral mais il lui faudra la démonstration de l’enseignant menuisier et surtout l’expérience. Il faudra longtemps raboter sous les yeux d’un professeur de menuiserie et avec ses conseils avant d’être un bon raboteur. Mais c’est le livre et l’enseignement “intellectuel” qui permettront à l’élève de construire un meuble plus vite que par l’expérience, si tant est qu’elle y suffise. Et devenir ainsi un menuisier-ébéniste, non un simple ouvrier raboteur. Le premier saura mener à bien plusieurs savoirs pour aller jusqu’au produit fini, le second restera un exécutant, dépendant le plus souvent du premier. Et il en est de même pour tous les métiers.
Le lycée, pour moi, ne doit être que la préparation à l’emploi et à l’épanouissement professionnel, que la fin des études soit programmée par les élèves et pour eux-mêmes, avec accord du corps professoral, des parents et des professionnels, que cette fin des études soit au baccalauréat ou beaucoup plus tard.

7) Un lycée beaucoup plus ouverts sur l’emploi.
Depuis que je suis dans la vie active, j’ai toujours été frappé par ce constat de deux mondes qui disent se connaître mais qui s’ignorent : l’entreprise, ou sens employeur (j’y mets donc aussi l’Administration), et l’Education Nationale. La plupart des élèves, rapidement, constatent cette dichotomie. Et la plupart d’entre eux n’y trouvent pas de solution. Juste un emplâtre. Et encore. C’est, pour moi, l’une des explications du départ du système scolaire chaque année de jeunes sans diplôme, sans même le niveau. De trop nombreux jeunes.
Ce que je propose, c’est de faire entrer le monde de l’emploi dès le lycée et de lui donner du pouvoir. Sur les créations de formation, leur nombre, le nombre d’élèves, les programmes de formation, les diplômes. Pour certains, c’est donner trop de pouvoir aux employeurs. Mais, pour moi, c’est permettre aux jeunes de s’intégrer, de se réaliser. Connaître le grec ancien, c’est bien, mais savoir gagner son moyen de vivre (manger, se loger), c’est primordial. Et, une fois encore, les deux savoirs ne s’opposent pas : ils se complètent.

8) La formation des maîtres et professeurs.
Quand j’étais plus jeune, entre 18 et 20 ans, l’une de mes amies se préparait à devenir institutrice. Elle avait juste le baccalauréat. Mais je me souviens de son amour des enfants et de l’enseignement. Quelques temps après, pour devenir instituteur, il a fallu avoir bac+2, puis +4.
Pour ma part, pour les instituteurs (je préfère cette appellation, plus noble que cette hypocrisie qu’est le “professeur des écoles”), je reviendrai à ce niveau, avec examen à l’entrée des écoles des maîtres (une fois encore, je me passe de la nouvelle appellation barbare qui a suivi, l’I.U.F.M., elle-même remplacée depuis) pour valider les connaissances nécessaires à l’enseignement et valider le désir des candidats pour enseigner.
Cette formation serait menée en deux ans, la première étant consacrée à l’étude des programmes et des méthodes pédagogiques, la seconde serait tournée vers une formation encadrée par un tuteur.

Ce n’était qu’un rêve, quelques idées qui méritent d’être approfondies. Mais ce qui est certain, c’est que notre système scolaire ne peut demeurer en l’état, soit peiner à conserver ses enseignants, peinant à attirer des candidats, laissant sortir nombre d’élèves sans diplômes, surtout sans diplôme monnayable (je n’ai rien contre le baccalauréat littéraire mais quiconque s’arrête à ce niveau n’a pas d’emploi, du moins pas plus que celui qui n’aurait rien), voire, pour certains, sans maîtriser les savoirs de base. A ce stade, ce n’est même plus un changement que j’attends : c’est une révolution. Et pas onirique.

1 commentaire:

  1. j'ai également fait un rêve "have the dreams" devenir ministre du bon sens....! JFF pour stéphane

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