BLOG D'UN VIERZONNAIS





dimanche 13 septembre 2015

MIGRANTS

Il a fallu que la mer rejette le corps d’un petit garçon sur une plage, face contre sable, pour que nous en prenions conscience. Il a fallu qu’un militaire turc, fébrile d’impuissance, s’en approche et le recueille pour que nous en prenions conscience. Il a fallu qu’un photographe, soucieux de témoigner ou de faire un scoop, peu importe, fige une image et la diffuse pour que nous en prenions conscience. Il existe des migrants.
 
Il y a toujours eu des migrants et il y en aura toujours. Qu’ils soient des émigrés (ceux qui partent de chez eux, de chez nous) ou des immigrés (ceux qui viennent de chez eux chez nous pour que ça devienne, pour un temps ou pour toujours, chez eux, chez nous), que ce soit pour des raisons de guerre, économiques, climatiques ou parce qu’ils s’imaginent, à tort ou à raison, que c’est mieux chez nous que chez eux. Est-ce bien ? Pour eux ou pour nous ?


Est-ce bien pour eux ? A mon avis, s’ils avaient pu rester chez eux, ils l’auraient fait. Les immigrés syriens ou irakiens étaient peu nombreux avant les guerres du golfe et la guerre civile syrienne. D’autres peuples, que l’actualité oublie peut-être parce qu’il y ont moins de problèmes de guerre, économiques ou autres les ont précédés, comme les libanais, les italiens, les espagnols, les algériens, les... Pour certains, ils ne lisent aujourd’hui leur origine étrangère que dans leur nom, même plus dans leur mémoire. Est-ce bien pour eux ? S’ils le pensent, sans doute. Pour éviter la guerre, la famine, la misère, la maladie, à terme bref la mort, ailleurs est toujours mieux.
 
Est-ce bien pour nous ? Sans aucun doute : oui. D’abord pour raisons humaines, ensuite pour raisons économiques. Nombre d’élus et dirigeants l’ont compris, en Allemagne, en Suède, en France, ailleurs. Pour une partie d’entre les migrants, certains sont médecins, infirmiers, ingénieurs mais aussi maçons, boulangers, couturiers, ... La majorité des migrants adultes ont un savoir et un savoir-faire qui nous manquent parfois mais qui s’ajoutent sûrement aux nôtres. Qui, à Vierzon, refuserait un médecin supplémentaire, qu’il soit syrien, irakien ou érythréen ? Qu’il soit chrétien, musulman ou yazidi ? Qui, en France, refuserait un ingénieur, un maçon, un... ? Je connais déjà des esprits chagrins, surtout peu informés, qui vont me dire : “Nous comptons déjà plus de 3,5 millions de chômeurs et vous voulez en accueillir de plus ?”. Fort de plus de 25 ans de travail dans l’emploi, je ne m’inquiète pas du chômeur qualifié, par le diplôme ou l’expérience : il trouvera du travail. Peut-être pas celui qu’il veut, au salaire qu’il veut et là où il veut. Mais il en trouvera. Souvent au prix de formation, qu’elle vienne de lui (les bibliothèques ne sont pas uniquement des lieux de culture et d’activités ludiques) ou d’autrui. Il en trouvera. Celui qui m’inquiète le plus est le chômeur sans qualification, peu motivé (et de moins en moins avec le temps) : c’est celui-là qui a le besoin de plus d’aide autre que financière. C’est celui-là dont doit s’occuper en priorité Pôle Emploi et les services publics de l’emploi. A ce titre, nos migrants, une fois formés à notre culture française et républicaine (langue, lois et usages courants), une fois reconnus autorisés à travailler (d’expérience et selon les dires des responsables des Cada, il faut en moyenne plus de trois ans avant que les instances administratives se soient décidées : beaucoup trop long), peut-être éduqués à un métier, je ne doute pas de leur intégration.
 
Cette position n’est pas cependant sans me poser d’autres questions, notamment sur les pays d’origine des migrants. A plus ou moins brèves échéances, la guerre civile syrienne va s’arrêter, l’Etat Islamique, composé d’opportunistes mafieux et de musulmans d’opérette qui ont appris le Coran au travers de bandes dessinées, va disparaitre, l’Erythrée va éliminer ses oppresseurs mais qui sera là pour aider ces nations à se reconstruire ? Leurs émigrés d’aujourd’hui ? Pas sûr... En ce sens, il faut aider chaque pays à se pacifier et à se développer. Pas facile. Mais rien n’est facile...

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