Le cas de la Grèce ressemble
beaucoup à ce que connait un chef d’entreprise.
Que connait un chef
d’entreprise ?
Avant de travailler avec un
client, donc un prospect, il essaie de se renseigner sur ce dernier. Qui est-il
(son patron ; pour un pays : le chef d’Etat) ? Quels sont ses
produits ou services (pour un pays : son PIB et sa composition) ? Qui
sont ses clients (pour un pays : avec qui commerce-t-il ?) ? Qui
sont ses créanciers (pour une entreprise : ses fournisseurs, ses banques,
ses créanciers, ses actionnaires, ses salariés ; pour un pays : ses
fournisseurs, ses banques, ses créanciers, son peuple, les avoirs de ce
dernier) ? Quel est sa taille (pour une entreprise : son chiffre
d’affaires, son effectif, ses filiales ; pour un pays : son PIB, son
peuple) ? En fait, le maximum de renseignements possibles. Pour l’y aider,
le patron comme le chef d’Etat a ses services, son personnel, des sociétés de
cotation (en France : la COFACE, ASSURCREDIT, ...), des sociétés d’assurances.
Le choix de travailler ou pas avec un
nouveau client est important : le fait de l’avoir ou pas peu
conditionner la survie ou le développement de son entreprise. Manquer un client
peut être fatal mais en avoir un qui ne vous paie pas peut l’être tout autant.
Pour un pays, c’est pareil. Il est vrai que tout chef d’Etat peut fermer ses
frontières. Aujourd’hui sur le papier. Mais cela risque vite de l’asphyxier et
de tuer son peuple. L’exemple de la Corée du Nord en est un. Mais trop ouvrir
ses frontières peut le tuer tout autant : cela n’existe pas vraiment, même
si certains le revendiquent. Cela s’appelle le libéralisme (ou le capitalisme
sauvage) mais aucun pays ne le pratique vraiment, même si certains sont plus
libéraux que d’autres. Tous les pays ont des lois protégeant leur peuple et leur
marché intérieur (souvenez-vous des lois du Japon fermant ses frontières aux
produits de ski venant de l’étranger sous prétexte que sa neige est différente
de la nôtre : c’était juste une loi protectionniste pour sauver son
industrie du ski et ses emplois ; mais nous ne sommes pas meilleurs).
Le chef d’entreprise peut prendre
des garanties (assurance-crédit, clauses bénéficiaires, droit de propriété,
...) mais cela aura obligatoirement un coût venant soit renchérir son prix de
vente au risque de ne pas vendre , soit rogner sa marge, soit les deux. Un chef
d’Etat peut faire de même. Avec les mêmes conséquences.
Vous me direz : “Pour la
Grèce, ce n’est pas la même chose puisque nous leur avons juste prêté de
l’argent”. Nous leur avons prêté de l’argent moyennant intérêt (quand nous
plaçons nos économies en assurances vie, assurances retraite, livrets A, B,
CEL, PEL, ... , ce n’est pas pour rien, même si c’est peu) mais cela est aussi
fait sous forme de produits et services fournis. L’un de nos crédits fait à
l’entreprise Grèce est tout simplement du crédit fournisseur. Et un prêt est un
produit. Si vous prêtez de l’argent à un
de vos amis, ce n’est pas un don. Vous voulez revoir cet argent sous un certain
délai, peut-être avec intérêt.
En l’espèce, l’entreprise France,
directement ou via l’entreprise Europe, a prêté de l’argent à l’entreprise
Grèce pour qu’elle se relève. Mais elle ne se relève pas. Pire : elle
réclame de nouveau de l’argent en menaçant de ne pas nous rembourser. Un peu
comme si votre client ne vous payait pas vos produits et services mais vous
réclamait de poursuivre vos livraisons. Mais vous, patron de l’entreprise
France, vous faites comment pour payer vos salariés (fonctionnaires, retraités,
chômeurs, ...) ? Vous faites comment pour payer vos propres fournisseurs
(banques, donc nous, à commencer par nos retraités ?). Pour M. MÉLENCHON,
ce n’est pas grave. La dette de l’entreprise Grèce n’existe pas. Et si on nous
réclame de l’argent, on ne paiera pas non plus (nos retraités et fonctionnaires
vont être mal, les autres aussi et rapidement). A défaut, on vendra les
machines de l’usine. Bref, on bradera la France. Et rapidement on fermera nos
frontières, on reviendra à la monnaie en pièces d’or, avec le paiement d’une
taxe pour emprunter les ponts, les routes, ... Bref, on retourne au Moyen-âge.
Et encore : sous les carolingiens, voire les mérovingiens. Prend-t-il des
cours pour dire des stupidités comme ça ?
Maintenant, que devons-nous faire ? Que
doivent faire le patron de l’entreprise France, les patrons de l’entreprise
Europe, les autres (le FMI, ...) ? Soit on coupe tout aux grecs, les
plaçant dans un grand, un très grand embarras (en fait, on les jette dans la
misère à brève échéance) mais on risque de s’asseoir sur toute ou partie de
notre créance, donc de nous mettre aussi dans l’embarras (quand vous comptez
sur le retour d’une somme qu’un ami vous doit et que ce dernier ne vous paie
pas ou avec retard... un de mes clients m’a laissé une ardoise de 80 000 €uros
en 2008 ; mon entreprise a mis trois ans à s’en remettre, alors, pour plus
de 100 milliards d’€uros...). Soit on continue et... on risque de retrouver le
même problème à la prochaine échéance. Sauf que l’entreprise Grèce nous devra
beaucoup plus.
Mais que veut l’entreprise France ou l’entreprise Europe ? Un
peu la même chose que veut un juge au tribunal de commerce pour une entreprise
en difficulté : un plan pour repartir. Et, sous certaines
conditions, il négociera les dettes de cette dernière, voire un prêt. Sauf que
l’on ne peut mettre un pays en redressement judiciaire. Les créanciers de
l’entreprise Grèce que nous sommes sont en direct avec elle. Le plan proposé par le patron grec Tsίpras
n’est pas suffisant pour les patrons français et européens. Il prend le
risque de sa faillite en rejetant la faute sur son propre peuple en faisant un
référendum, un peu comme si un patron en faillite demandait à ses salariés de
choisir qui devrait être licencié, qui devrait avoir son salaire réduit, tous
les choix qui incombent à sa fonction. Outre que ça manque de courage, cela a peut
de chance de fonctionner mais c’est habile en terme de communication. Et
coûteux.
Des portes de sortie existent. Aucune n’est
satisfaisante pour aucune des parties. DSK en a proposé certaines.
PIKETTY d’autres. D’autres encore. Mais ce qui est certain, c’est que, quelle
que soit celle prise, elle sera difficile à franchir. Pour les patrons et
entreprises France, Grèce, Europe, ... Monde.
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