Le tout récent ex-président de la
Communauté de Communes Vierzon-Sologne-Berry et ex-député Jean-Claude SANDRIER
n’a pas pris sa retraite. Non : à 70 ans, il se reconvertit et se lance
dans le one-man show, prêt à faire son spectacle comico-sophiste sur toutes les
scènes de France (et d’ailleurs) : “La
dette ? Quelle dette ?”.
Dans un monologue digne de la
dialectique jésuite ou communo-staliniste, Jean-Claude
SANDRIER annule notre dette. Jugez-en par vous même, reprenant ses propos
eux-mêmes repris par le Berry Républicain du 27 juin.
“La dette
s’établit en France à environ 2 000 milliards d’€uros. Mais l’ensemble des
actifs de la France (financiers et non financiers) représente 2 350
milliards d’€uros”. Si je comprends bien, le fait de posséder quelque
chose annule la dette du possédant ? Non : il l’a cautionne et permet
de l’obtenir. Si vous voulez emprunter 10 000 €uros, ce sera plus facile
si vous les possédez déjà et vous permettra de négocier le taux. Vous me
répondrez : “A quoi cela sert-il d’emprunter 10 000 €uros si je les
ai déjà ?”. Et je vous répondrai : “A avoir une capacité d’achat de
20 000 €uros”. Autre remarque sur cette phrase : le problème d’avoir un actif non financier est de le transformer en
actif financier. Je connais beaucoup de vierzonnais qui me disent que leur
maison vaut X €uros mais elle ne vaut que ce quelqu’un est prêt à mettre de
suite. Vous pouvez dire que votre maison vaut 300 000 €uros : si un
acheteur vous en propose 100 000 €uros au moment où vous voulez la vendre,
elle n’en vaudra que 100 000 €uros.
“Si l’on
nous dit que chaque français est endetté de 30 000 €uros, il faut dire
qu’il est riche de 36 000 €uros”. Alors là, c’est la phrase la plus
incompréhensible. Où a-t-il été trouver cette démonstration ? Pour les
30 000, je veux bien l’admettre, pensant qu’il a divisé les 2 000
milliards de dette par le nombre de français, du nourrisson au vieillard, mais
comment arrive-t-il aux 36 000 ? Mystère et boule de gomme. Le plus
fort reste à venir puisqu’il contracte cette dette sur 7 ans sans en expliquer
la raison. Ainsi, toujours pour Jean-Claude SANDRIER, la dette publique ne
représente pas 92 % de notre PIB mais... 13 % ! Recadrons les
choses : la dette de la France est
l’ensemble des sommes empruntées par l’Etat, les collectivités locales et les
organismes publics pour leurs investissements ou leur fonctionnement. Selon
Alternatives Economiques, les deux tiers de notre dette sont détenus par des
étrangers (Etats, entreprises, banques, particuliers, ...), même si nos trois
plus gros créanciers sont les français AXA, ALLIANZ et M.M.A. (où croyez-vous
que sont investis nos assurances vie et autres placements “sûrs” ?).
“Les
causes (de la dette) ne sont pas la dépense publique mais la fraude fiscale (80
milliards d’€uros), les cadeaux fiscaux et sociaux aux entreprises qui
dépassent aujourd’hui les 200 milliards d’€uros, l’obligation faite à l’Etat
d’emprunter sur les marchés financiers privés depuis les années 1970 et à des
taux le plus souvent supérieurs à notre taux de croissance (50 milliards
d’€uros environ). Sans oublier l’argent public versé pour secourir les
spéculateurs ... (600 milliards €uros)”.
Première réponse : 80 + 200 + 50 + 600 = 930. Hors, à
moins que M. SANDRIER réfute également les mathématiques, 930 milliards d’€uros
n’égalent pas 2 000 milliards d’€uros. Il en demeure une différence de
1 070 milliards d’€uros ! Donc à peine moins de la moitié du PIB
français (2 232 milliards d’€uros en 2014 selon l’INSEE).
Seconde réponse : les “600 milliards” prêtés par la France
aux “spéculateurs” que nous sommes au travers des banques et assurances (nos
assurances vie, nos CEL, PEL, livrets A, B, ... nos placements peu rémunérés
mais sûrs et nos comptes bancaires garantis) ont rapporté à l’Etat (rapport parlementaire suite à la crise de
2008).
Sur les cadeaux fiscaux et sociaux aux entreprises, ils ne sont que le juste retour de prélèvements
indus. Comme salarié et patron, j’ai toujours été d’accord pour payer des
impôts et des cotisations sur ce que je gagne mais pas sur ce que j’ai et que
j’ai payé avec ce que l’Etat et les organismes sociaux m’ont laissé sur ce que
j’ai gagné dans le passé. De plus, ces “cadeaux” sont accompagnés de hausses de
cotisations retraite, de la création d’assurances “santé” complémentaires, du
financement des syndicats ouvriers (0,016 % de la masse salariale), de la
création du compte pénibilité, de la DSN, ... Sans ces “cadeaux”, M. SANDRIER,
plus de la moitié des sociétés françaises seraient en redressement judiciaire
ou liquidées, avec leur cortège de chômeurs les suivant !
Les seuls points où je rejoins M.
SANDRIER sont la fraude fiscale et l’obligation d’emprunter, pour les Etats,
sur le marché privé. Mais qui peut être d’accord avec la fraude ? Qui peut
être d’accord avec l’illégalité ? Ou alors que ceux qui fraudent aillent
jusqu’au bout : qu’ils quittent le pays et changent de nationalité. Mais
en payant d’abord ce qu’ils doivent. Sur l’obligation d’emprunter sur les
marchés privés, je suis plus sur la réserve, ne sachant pas encore pourquoi
cela a été mis en place dans les années 70 mais étant certain que cela a dû
être fait par des personnes honnêtes et soucieuses du mieux pour nous tous.
Dans l’attente, le show de
Jean-Claude SANDRIER se poursuit et c’est bien dommage. Pour nous comme... pour
lui.
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