Il y a deux ans, revenant de la célébration du 11
novembre au monument aux morts de Vierzon, deux enfants qui faisaient du vélo
sur la place de l’Intendance parlaient entre eux sur ce qui venait de se
passer, sur la montée des couleurs, sur les saluts militaires et politiques,
sur la commémoration d’une date qu’ils ne comprenaient pas. Pour eux, le 11
novembre est un jour férié. Ils venaient juste de comprendre que cela faisait
référence à quelque chose. L’un d’entre eux dit à l’autre : “Ça doit être
pour une guerre qu’on a perdu”. Une guerre qu’on a perdu… J’ai voulu leur
expliquer mais ils étaient déjà partis. Partis pour manger chez eux, regarder
un film l’après-midi, parlant d’une guerre de l’autre bout du monde, avec un
super-héros capable de transpercer un char avec une flèche, avec des méchants
clairement identifiés, des gentils qui le sont tout autant, avec la belle qui
se pâme en fin de film dans les bras du héros. Sans oublier le meilleur ami qui
meurt dans ses bras au début de l’histoire. Ou alors partis pour jouer à un jeu
vidéo où mourir n’est qu’un point perdu sur un tableau, un score…
J’aurai voulu leur dire que s’ils sont vivants
aujourd’hui, c’est que leurs arrières-arrières-grand-pères sont revenus de
cette boucherie que fût la première guerre mondiale. Ou qu’ils ont su l’éviter.
Que leurs arrières-grand-pères ont su tout autant éviter les horreurs de la
seconde guerre mondiale. Ou en revenir vivants. Que leurs grand-pères ont su en
faire autant avec la guerre d’Indochine, sans Rambo, la guerre d’Algérie, sans…
personne. Mais c’est si loin, pour eux… Peut-être l’étudieront-ils un jour, à
l’école. Plutôt au lycée. C’est le “programme”, m’a-t-on dit. “En quatrième et
avant, on n’étudie pas ça”. J’espère seulement qu’ils iront jusqu’au lycée.
Peut-être l’un de leurs aïeuls leur expliquera, s’il le veut. Et qu’ils
ouvriront des livres pour en savoir un peu plus. Lire d’autres témoignages.
Peut-être que leurs parents les emmèneront visiter les plages du Débarquement,
l’ossuaire de Douaumont ou Oradour-sur-Glane. Peut-être qu’ils regarderont
juste un film traitant du sujet, comme “La Victoire en chantant”, “Un Long
dimanche de fiançailles” ou “Cheval de guerre”, pour ne citer que des films portant
sur la première guerre mondiale. Peut-être…
L’enseignement de l’Histoire n’est pas facile,
tant de faits s’imbriquant les uns aux autres étant nécessaires, non pour la
comprendre mais pour l’appréhender. Mais il est indispensable : on ne peut
comprendre le présent, tout au moins essayer de le faire, et, à partir de là,
construire l’avenir, sans comprendre le “pourquoi”, sans connaître le passé de
notre pays, et plus loin encore, notre passé familial…
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