Chaque année, notre presse
quotidienne sort un numéro spécial consacré aux entreprises départementales.
Pour beaucoup d’élus, c’est une occasion de se gargariser sur des succès pour
lesquels ils ont peu contribué, pour d’autres (suivez mon regard… cf. débat
filmé du Berry Républicain du 20 février 2014), c’est une occasion de fustiger
“le grand capital” et les “patrons du CAC 40” , pour la plupart des cadres salariés moins
bien rémunérés que des stars du foot, un peu comme d’autres fustigeaient les
juifs avant et pendant la seconde guerre mondiale. C’est tellement plus facile
d’accuser autrui que de se remettre en question.
Ces chiffres, permettez-moi de
les commenter.
Nomenclature.
Une première remarque sur un
point figurant en page 3 sur l’origine des données : “Nous classons dans cette édition les sociétés
qui réalisent un chiffre d’affaires minimum de 1 000 000 d’€, dont le
siège social se situe dans le Cher –ce qui exclue la majorité des
entreprises employant le plus de nos concitoyens- et ayant déposé leurs
comptes auprès du Greffe du Tribunal de Commerce (de Bourges)”.
Hors, une entreprise doit publier ses comptes chaque année, dans les 3 mois
suivant l’arrêté de son bilan, lui-même devant être fait dans les 3 mois
suivant la fin de son exercice, période le plus souvent égale à 12 mois et
s’achevant le plus souvent le 31 décembre, sous peine d’une amende de
1 500 €. Sauf que cette amende est rarement délivrée. Et que certaines
entreprises peuvent volontairement refuser de publier leurs comptes, soit parce
que leurs chiffres sont très bons, soit parce qu’ils sont très mauvais, sur
l’air de “pour vivre heureux, vivons cachés”. Cet éclairage vient quelque peu
modérer les chiffres et classements publiés.
Seconde précision : cela ne
vous a pas échappé que nous sommes en 2014 et que les chiffres publiés sont
ceux de 2012. Ce qui explique, entre autres, la position 35 occupée par
l’entreprise BOIREAU en page 20 alors qu’elle vient d’être liquidée en ce début
d’année.
Mairies de Bourges et Vierzon.
Seconde remarque sur les
effectifs des établissements publics (page 7) : on compte 41,62 berruyers pour 1 employé municipal
quand on compte 25,57 vierzonnais pour le même chiffre. Quelle
explication en donne Nicolas SANSU, actuel maire, et Jean ROUSSEAU, candidat au
retour ? Aucune. Les services délivrés aux vierzonnais sont-ils plus
quantitatifs ou qualitatifs que ceux délivrés aux berruyers ? A écouter
les derniers, non. A écouter les premiers, encore moins. Alors pourquoi ?
Par clientélisme ? Par népotisme ? Je m’interroge…
Créations d’entreprises.
Troisième remarque que brandi
chaque année Jean-Marc DUGUET, l’homme qui fait signer les engagements de
Nicolas SANSU devant notaire. Enfin le dit-il. La création d’entreprise.
Vierzon serait la ville où se créée le plus
d’entreprises dans le Cher (page 8). Ce qui est étonnant, c’est aussi la ville
où le chômage est le plus important. Cherchez l’erreur…
Une solution en page 10 :
Vierzon est la ville qui compte le plus de défaillances, derrière
Dun-sur-Auron, gérée par l’UMP, et Saint-Germain-du-Puy, gérée par le PCF, qui
bénéficie pourtant de la proximité toute proche de Bourges.
Je reviens sur la création
d’entreprises à Vierzon. En 2013 (je sais : on donne le classement de 2012
mais les créations d’entreprises sont étudiées l’année d’après), il s’en serait
créé 131. Selon leur forme juridique, en prenant les colonnes de la page 8, 84
d’entre elles seraient des auto-entreprises et 7 des entreprises individuelles,
soit 91 n’employant qu’une seule personne : le créateur lui-même. Se
paye-t-il ? Si j’en crois ma propre expérience, non. Peut-être dans le
futur. Du moins je l’espère. Il nous reste donc 40 sociétés susceptibles de
créer des emplois. Encore faudrait-il étudier chacune d’entre elles avec
précision.
Défaillances d’entreprises.
Mais sur ces 40 entreprises,
combien en restera-t-il au bout de 3 ans, sachant que, statistiquement, le
tiers d’entre elles (35,81% dans le Cher, moyenne supérieure à l’ensemble de
notre pays), soit 14, auront probablement disparues ?
Une solution ?
J’ai toujours pensé que créer une
entreprise, en France, est à la fois trop facile et un parcours d’obstacles
administratifs. Même en allégeant ce dernier comme cela a été fait
sous Nicolas SARKOZY, il n’a fait que les masquer sans les faires disparaître.
J’en veux pour preuve les multiples déclarations sociales (URSSAF, caisses de
retraite, de prévoyance, RSI, …) que l’on ne peut connaître sans l’aide
d’autrui, comptable ou expert comptable en tête, même si ces services peuvent
vous renseigner, si vous parvenez à les contacter (numéros payant à choix
multiples), même s’il existe des services publics pour cela. Encore faut-il
poser la bonne question ! Encore faut-il savoir que cette question
existe ! Un peu comme si vous vous présentiez un beau matin (ou un méchant
après-midi) au Commissariat de Police en disant à l’agent d’accueil :
“Incarcérez-moi ! Je dois être coupable de quelque chose mais je ne sais
pas de quoi” (expérience personnelle avec le RSI : j’ai raison mais je ne
peux prouver que j’ai raison que si je suis condamné, je leur dois 750 € de
manière injustifiée mais il m’en coûtera 1 500, non remboursables, pour le
prouver, selon l’avocat même du RSI devant le Tribunal des Affaires de Sécurité
Sociale de Bourges). Ubuesque.
Sur le statut de
l’auto-entrepreneur, au risque de me fâcher avec certains Novellistes (membres
ou sympathisants de l’UMP soutenant Hervé NOVELLI, le créateur de ce statut),
il agit le plus souvent comme un miroir aux alouettes. Pour créer, puis gérer une entreprise, il
m’apparaît important que le créateur connaisse le métier de cette dernière.
Il est ainsi étonnant que n’importe quelle personne puisse s’installer comme
plombier-chauffagiste en auto-entrepreneur sans connaître le métier ! Non
seulement il peut causer des dégâts importants chez ses clients mais il risque
fort de mettre à mal des entreprises connues et reconnues, régulièrement
installées, soumises à des charges qu’il n’a pas (comme la garantie décennale,
par exemple), tout simplement parce que ses prix seront plus bas ! L’idée
de l’auto-entrepreneuriat est bonne pour réduire le chômage mais il ne s’agit
pas d’habiller Paul en déshabillant Pierre ! Surtout pour l’habiller plus
mal encore.
A la connaissance technique,
prouvable par le diplôme délivré par l’Education Nationale ou l’expérience,
voire, pourquoi pas, par un examen complémentaire (l’idée d’un brevet de
maîtrise pour s’installer, idée apparue dans les années 70, appliquée dans de
rares métiers, comme la coiffure), il convient d’ajouter la connaissance en matière de gestion
et de droit. Un minimum de formation devrait être obligatoire. Il
existe des formations de ce type délivrées par les Chambres de Commerce et
d’Industrie, les Chambres des Métiers et les Chambres d’Agriculture mais elles
ne sont pas obligatoires et souvent payantes. Si elles l’étaient, elles
éviteraient sans doute des drames, à tout le moins de cruelles et désastreuses
déconvenues.
Dernier avis : ma profession
exige une caution
financière, en fait une assurance pour mes clients, mes salariés et
mes fournisseurs. Pourquoi ne pas la rendre obligatoire pour
toutes ? Au moins, en cas de défaillance de l’entreprise, celle-ci ne se
propagerait-elle pas comme une maladie.
A méditer si l’on est député ou
sénateur.
Dans l’attente, vivement mars
2014.
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