Au registre des faits divers de
cette semaine, la question de l’appartenance d’une œuvre d’art s’est posée de
manière originale.
Reprenons les faits. En 2001, la
mairie d’Hayange, en Moselle, achète à l’artiste Alain MILA une fontaine,
histoire d’égayer et de sublimer la ville. Selon la presse, elle aurait été
payée 9 000 € à l’époque. Un choix qui se discute mais qui en vaut un
autre. Quelques années plus tard, en 2014, la municipalité décide de la
repeindre. Là encore, un choix qui en vaut un autre. Mais là où le bât blesse,
c’est que cette municipalité est nouvelle et, qu’après près de 20 ans de
gestion socialiste, qu’elle est aujourd’hui gérée par le Front National. A ce
titre, à mon avis, la presse nationale a un regard particulier sur les choix du
nouveau –et jeune- maire. D’où une polémique qui n’aurait sans doute jamais dépassé
les frontières du canton s’il en avait été autrement. Toujours est-il qu’un
certain nombre de personnes, à commencer par l’artiste lui-même, s’indigne.
Pourquoi pas ?
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Photo AFP |
Mais à qui appartient une œuvre d’art ? Au créateur ou à celui qui
lui a acheté ?
Si nous transposions ce sujet à
Vierzon, qu’elle serait l’attitude des médias et, surtout, de la population,
s’il prenait à Nicolas SANSU l’idée de peindre en rouge la statue de Célestin
GERARD (encore une fontaine) ou de repeindre en noir le pont de Toulouse ?
L’artiste a-t-il son mot à dire ? Surtout, peut-il y mettre son
véto ?
Dans les deux cas comme pour
celui d’Hayange, il ne s’agit pas d’œuvres classées au patrimoine historique.
Dans les trois cas, il s’agit d’un élément
artistique devenu public parce qu’acheté par des collectivités locales. Pour ma part, le possesseur est décideur.
Donc les mairies respectives sont les décideurs. Ce qui n’empêche pas d’avoir
l’avis de l’artiste, sans que celui-ci ne soit autre chose qu’un avis. Si j’en
crois ma mémoire, prenant pour exemple la ville de Bourges, notre grande sœur
berruyère, le déplacement du Luchrone de Bourges, de la place Séraucourt à la
place de la gare et la disparition pure et simple de la fontaine de la rue
Mirebeau n’ont pas fait couler autant d’encre.
Le maire d’Hayange a trouvé, à
mon sens, la meilleure solution : revendre à l’artiste Alain MILA sa
fontaine pour le prix que la municipalité de 2001 l’a acheté. La balle est
maintenant entre les mains de l’artiste. En espérant qu’une ville comme Vierzon
ne la rachète pas au nom d’un quelconque “pacte républicain”. Cela étant,
Nicolas SANSU a bien acheté une église 170 000 € sous prétexte qu’un
groupuscule proche des idées du Front National, qui n’aurait probablement
jamais pu réunir la somme, la voulait. Pour ne rien en faire. Et ce n’est même
pas une œuvre d’art.
La réponse à ma question
n’appartient qu’à chacun d’entre nous. J’ai déjà donné la mienne. Ce qui
n’empêche que le pont de Toulouse, dont personne ne sait à qui il appartient (à
la Ville ? Au Conseil Général ? A la S.N.C.F. ? A Réseau Ferré
de France ?), aurait bien besoin d’un rafraichissement, d’un coup de peinture...