A
chaque vol, à chaque agression, à chaque assassinat, j’entends la même indignation
populaire. Mais je ne sais pas si ce sont ces faits qui me révoltent le plus ou
les réactions de nos élus politiques, voire de notre justice, reconnaissant
cependant que, dans un état de droit, la seconde dépend des décisions des
premiers.
Pour
la plupart de nos élus, les réponses relèvent le plus souvent de trois
attitudes. Celle de l’Ancien Régime, du type “Je ne peux rien, seul l’Etat peut
tout”, un peu comme dans les siècles passés quand les prêtres sortaient une
relique quelconque d’une église ou commanditaient un pèlerinage afin de faire
cesser un fléau. Celle de Ponce Pilate, du type “Laissons faire la police et la
justice”, préférant se laver les mains que d’endosser toute responsabilité dans
l’action de correction et de réparation, surtout si elle échoue. Et celle du
mauvais rugbyman, préférant la touche à la course dans l’embut, même si
celui-ci est dégagé, du type “Je vais faire voter une loi” ou “Il faut voter
une loi”.
Aux
premiers je rappelle qu’ils ont été élus pour prendre des décisions, même les
plus difficiles, les plus risquées, aux seconds qu’ils sont la police et la
justice, et aux derniers que la loi qu’ils attendent existe probablement déjà
mais qu’il faudrait maintenant l’appliquer. Je pourrais étayer mes propos de
multiples exemples et développer chacun d’entre eux mais ce n’est pas le propos
de mon article.
Mon propos porte sur la prison. A quoi sert une prison ?
Le
fait d’emprisonner quelqu’un est une sanction à son égard. Par cette décision
judiciaire, il s’agit de le punir d’une action condamnable qu’il a commise.
Bien entendu, sur cette sanction, chacun d’entre nous peut estimer qu’elle est
suffisante ou insuffisante. Nos lois, déjà bien trop nombreuses et, à ce titre,
pas toutes appliquées, et leurs jurisprudences, qui tendent parfois à être
force de loi alors qu’elles ne devraient qu’être que des conseils, doivent
faire en sorte que la décision de justice soit acceptable par tous, à commencer
par la victime et l’accusé. Hors, souvent, c’est là que le bât blesse : toutes
les parties n’acceptent pas la décision, particulièrement le peuple (ou le
grand public) et, souvent, la victime ou ses représentants. Malheureusement, je
n’ai pas l’impression que nos élus mesurent ce fossé qui se creuse entre nous,
son peuple, ses électeurs, et notre justice. La réparation n’y est pas.
Mais
une autre dimension me parait oubliée dans la décision d’emprisonner
quelqu’un : l’éloignement. Sanctionner est une chose, l’empêcher de nuire
de nouveau en est une autre. Quand un homme a purgé sa peine, il a peut-être
réparé mais n’est-il pas encore dangereux pour ses victimes, pour le
peuple ? Je lis souvent des décisions de justice dans la presse. Je
connais également la notion de réduction de peine. Mais je n’ai jamais entendu
dire qu’une peine avait été rallongée par ce que le condamné était toujours
dangereux. Un nouveau procès serait sans doute nécessaire. Mais pourquoi pas
s’il peut empêcher les conséquences d’une récidive ?
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