Le fond et la forme...
Notre pays se déchire pour une
loi qui doit révolutionner le droit du travail et qui, pour l’ancien salarié et
patron que je suis, n’est qu’un pansement sur une jambe de bois. J’aurais préféré
un travail gouvernemental plus audacieux, plus révolutionnaire : la réécriture complète de notre droit du
travail, s’inspirant de notre passé, de notre avenir, de l’expérience des
autres pays (les fameuses 100 pages du Code du Travail suisse), avec des élus
qui savent ce qu’est le travail (ils sont peu nombreux à avoir cherché du
travail, travaillé comme salarié dans une entreprise de droit privé ou dirigé
une entreprise, a fortiori relevant des TPE-PME), les syndicats ouvriers, les
organisations patronales, des philosophes (ça peut servir), des juristes et des
médecins. Le Gouvernement a choisi une autre méthode : on consulte les
partenaires sociaux à tour de rôle, on étudie quelques ouvrages économiques, on
pense (si, si : il faut le croire puisqu’il le dit) et on rédige une loi
dont l’unique révolution est qu’un accord d’entreprise pourra primer sur le
contrat de travail, l’accord de branche, voire la loi. Le reste a son
importance mais, à mon avis, c’est beaucoup plus mineur. Voici le fond.
La forme... Même au sein de la
majorité, ce projet de loi ne fait pas l’unanimité. Je ne parle pas ici des
communistes et des écologistes de salon : juste des socialistes et
radicaux. Je parle encore moins de l’opposition dont l’unique action semble
être de s’opposer par nature. Le Président reçoit les frondeurs, mélange d’élus
sincères (si, si : il y en a. Peu), d’opportunistes et de frustrés des
ministères. Ça ne marche pas. Le Gouvernement communique. Ça ne marche pas.
Alors, histoire de montrer qu’il est le patron, il sort l’arme du 49-3, dont
l’utilisation est aussi dangereuse que la voie parlementaire mais moins longue.
Le moins que l’on puisse dire est que le choix est... violent.
L
e 49-3 est d’autant plus
dangereux qu’un syndicat, la C.G.T., en perte de vitesse, secoué par des
positions mélangeant abus de privilèges et revendications dépassées (pour ce
syndicat, l’entreprise, c’est Germinal, voire le bagne), après s’en être pris à
la police, a décidé de répondre par une autre forme de violence : la
paralysie du pays. Que ce syndicat ne soit pas d’accord avec le Gouvernement,
c’est son droit, c’est son choix. Mais qu’il tente d’imposer ses diktats au
peuple, c’est
inacceptable ! La plupart des membres de ce syndicat n’est pas
concernée par cette loi, la plupart ne sait même pas pourquoi elle fait grève,
se contentant de reprendre des slogans et des idées toutes faites, comme la
plupart des jihadistes reprend une idée du Coran sans l’avoir lu, encore moins
étudié. A cette violence s’en agglutine une autre : celle des casseurs,
qui ne cherche à casser que pour casser, et dont certains, comme en 68,
termineront notaires ou inspecteurs de l’Education Nationale.
L'affiche de la honte |
Maintenant, quand deux formes de violence s’affrontent, que faire ? Il est
sûr que le Gouvernement aura le dernier mot mais il risque de le payer.
Probablement en 2017. Et il n’est pas certain que cela fasse le jeu de son
opposition traditionnelle.
Que faire ?
Sans être convaincu par cette
loi, sans être convaincu par notre démocratie conjuguée par notre 5ème
convention, je pense qu’il serait souhaitable de revenir sur le 49-3 et de reprendre
les échanges sur la base du Parlement. Nos députés, même nommés, et
nos sénateurs, presque nommés, sont payés pour cela. Qu’ils tiennent leur
rôle ! Evidemment, cela pourrait sembler être un recul mais,
personnellement, j’ai toujours pensé qu’un peu d’humilité, voire des excuses,
même hypocrites, n’ont jamais nuit tant que l’on garde le cap. Et le cap, ici,
est l’application de la “loi travail”. Mais cela ne pourra ce faire que si la
loi El Khomri est acceptée, même tacitement, par le plus grand nombre d’entre
nous. Ce n’est pas gagné.
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