“Ci-git Alep”. Cette une du
journal Libération m’a marqué. Elle est simple. Précise. Accusatrice.
Culpabilisatrice. Nous n’avons rien fait
pour sauver Alep. La France, plus généralement l’Europe et le monde occidental,
n’a rien fait.
Nos politiques n’ont rien fait donc
l’armée n’a rien
fait. Aurions-nous pu ? J’en doute. Nos intellectuels n’ont rien fait donc d’éventuels courageux ou
têtes brulées n’ont rien fait. A l’inverse de ce qui c’est passé en
Espagne lors de la guerre civile, il n’y a pas eu de bataillon prêt à aller se
battre en Syrie contre le pouvoir de Bachar al Assad. Aurions-nous dû ? Là
se mêlent nos convictions républicaines, nos fois et nos aspirations. La
réponse est donc personnelle. Pour ma part, je ne l’aurais pas fait. Une
exception cependant : il y a eu un ensemble d’égarés parti se battre en
Syrie contre le tyran de Damas : ceux qui ont rejoint DAESH. Sans
comprendre le Coran, sans savoir que le Djihad se fait uniquement en soi. Qui
est-on pour le faire contre autrui ? Dieu ? Allah ? Le blasphème
est pire.
Nous sommes coupables de la destruction d’Alep. Mais pas seulement
d’Alep. De tous les morts qui l’ont précédé et d’une grande partie de ceux qui
suivront. Il y a quelques années, pour des raisons tant économiques, les plus
réelles mais les moins avouables, que de foi démocrate, oubliant que la notion
de “démocratie” est variable d’un pays à l’autre, voire d’un homme à l’autre,
les “occidentaux” sont intervenus en Irak, en Libye, en Syrie, décidant de
remodeler cette région selon nos intérêts et nos convictions. A mon sens,
éliminer les tyrans qu’ont été Hussein ou Kadhafi et qu’est encore Bachar Al
Assad est louable. Sauf que la liste des dictateurs est loin d’être close et
que je ne crois pas que la moindre révolution puisse réussir dans chaque pays
sans qu’elle vienne du peuple lui-même, qui plus est dans sa très grande
majorité. En sus, aucune solution de succession dans chacun des pays où nous
sommes intervenus n’a été réellement pensée. Ou alors rapidement, sur un coin
de table, entre la poire et le fromage. Alors que faire ? Je ne sais pas
mais ce qui est certain, c’est que nous en paierons l’addition pendant
longtemps, avec l’immigration clandestine, les attentats, ... ou alors on
débarque pacifiquement dans ces pays, on s’excuse, on reconstruit tout ce qui a
été détruit, avec le pouvoir en place ou celui qui nous parait le plus fort, et
on installe un régime de vie le plus acceptable possible. Je me demande si ce
n’est pas ce qu’est en train de faire Poutine... Aux politiques et aux penseurs
autoproclamés de se pencher sur la question.
“Ci-git Alep” : le testament
n’en finit pas de s’ouvrir...