Chaque semaine, dans notre
quotidien local, parait le “poing de vue” de l’ancien magistrat Eric DE
MONTGOLFIER. Ses chroniques sont, à mon avis, à chaque fois empreintes de
pertinence avec l’actualité et d’une grande sagesse, quelquefois un peu
désabusée. En ce 2 mai 2015, celle de ce jour, appelée “La politique de la
canonnière”, n’y échappe pas. Elle a pour sujet l’attitude de la France
vis-à-vis de l’Indonésie pour faire suite à la condamnation à mort de Serge
ATLAOUI, ressortissant français accusé de trafic de drogue.
Sans vouloir reprendre le propos
d’Eric DE MONTGOLFIER, je ne peux que le partager. Bien sûr, je partage également
la peine de Serge ATLAOUI et de ses proches, trouvant la sanction indonésienne
disproportionnée au regard de sa faute, si faute il y a. Bien sûr, je suis, de
conviction, contre la peine de mort mais aussi contre la prison à vie
(cf. mon article du 7 août 2013 intitulé “Prison ?”) mais je veux croire,
même si je doute parfois, en la Justice, en la nôtre mais aussi celle des
autres pays. Au passage, faire l’Europe, puis faire la paix, devra un jour
passer par une justice commune... Que de débats précèderont ces actions, voire
s’ensuivront !
La politique de la canonnière a
quelque chose de condescendant, voire de méprisant vis-à-vis d’un autre pays.
Sous prétexte qu’il est géographiquement et culturellement loin de nous, qu’il n’a
pas les mêmes lois que nous, il nous est inférieur. Pour le cas qui nous
préoccupe, l’Indonésie, même si son système républicain est plus récent que le
nôtre et en diffère en de nombreux points, c’est lui faire un mauvais procès.
Pour plusieurs sujets, nous pourrions même en apprendre des indonésiens. Un peu
plus d’humilité de notre part ne nous nuirait pas... D’autant que je ne peux
m’empêcher de faire le parallèle avec un autre délit présumé touchant un de nos
compatriotes dans une démocratie plus ancienne que la nôtre et conté en page
cinq du Berry Républicain du même jour : celui de Gilbert VIEIRA aux Etats
Unis. Ferons-nous aux Etats Unis les mêmes remontrances, voire menaces que nous
en faisons à l’Indonésie ? J’en doute... Même si Gilbert VIEIRA ne risque
pas sa vie, il peut tout de même passer entre cinq et cinquante ans en prison.
La justice d’un pays et les actions
de ses dirigeants ne peuvent s’exonérer des volontés de son peuple, surtout de
celles qu’on croit l’être au travers des sondages ou des manifestations de rues,
voire des urnes. Même si la majorité n’est pas forcément celle qui crie, celle
qui s’exprime, elle a le mérite de le faire face à celle, dite silencieuse, qui
ne dit rien, voire quelquefois ne vote pas (l’abstention française en est un
vivant exemple). A ce titre, le président d’Indonésie, qui a promis une plus
grande politique de fermeté à l’égard de ce fléau qu’est la drogue, ne peut
s’en dédouaner. D’autant que son pays à cette fausse réputation, commune
à nombre de pays du sud-est asiatique, d’être un paradis pour les drogués. En
de nombreux points, nous ne pouvons qu’être d’accord avec lui... Mon propos
vous choque ? L’un des arguments de campagne du Front National est le
rétablissement de la peine de mort en France, même si cela nous exclurait de
facto de l’Europe, et nombre de concitoyens, de gauche comme de droite,
demandent plus de fermeté dans nos sanctions pénales. Personnellement, je ne
suis pas certain que, si demain, un référendum portant sur ce sujet avait lieu
en France, nous ne verrions pas le retour de la peine de mort, des châtiments
corporels et du bagne dans notre pays. Aussi, gardons-nous de juger l’Indonésie
et les Etats Unis.
Mais alors, que faire ?
Militer. Ecrire aux ambassades,
aux associations locales traitant du sujet, de près ou de loin, aux
intellectuels locaux, influents, pour qu’ils s’expriment, aux pouvoirs exécutifs
locaux pour qu’ils fassent pression sur le pouvoir national, au pouvoir
national lui-même, en faisant preuve de pédagogie et d’humilité (on n’attire
pas les mouches avec du vinaigre, dit le proverbe, on obtient rien, ou peu et
surtout pas longtemps par la menace). Utiliser toutes les ficelles juridiques
pour que soient jugés ou rejugés nos ressortissants. Et espérer, voire prier
pour ceux qui croient.
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