Les articles que je classe dans la série “Un peu de moi” n’ont aucune connotation politique. Ils appartiennent tout simplement à aucune autre catégorie de ce blog ou d’un autre que j’ai pu animer ou anime encore et à aucun projet. Ou tout au moins celui-ci n’est-il pas encore né. C’est juste un besoin de témoigner. D’écrire.
Cet article date un peu puisque je l'ai écrit en 2008 mais il est toujours d'actualité. En ce jour de Noël, j'ai eu envie de le remettre en ligne.
Ça aurait pu être un chat. Un chien. Un enfant.
C’était juste un furet. Du moins je crois. Un petit furet qui voulait traverser
la route. Pour chasser, se nourrir. Ou pour rejoindre ses petits. Ou pour leur
ramener à manger. Je ne sais pas et ne le saurais jamais. Ce que je sais, c’est
qu’il est mort, heurté par une voiture roulant peut-être, sûrement trop vite.
Ce n’est pas la peur du gendarme qui m’a fait lever
le pied, moi qui roule tant pour des raisons professionnelles. Ce sont plutôt
des scènes comme celles-ci. Des scènes qui me font regretter d’être un être
humain, d’appartenir à une espèce de tueurs, si peu soucieuse de son
environnement, de la flore qui l’entoure, de la faune qui partage son univers,
de son avenir, de leur avenir, de notre avenir.
Lors d’une conférence donnée sur Vierzon, il y a
quelques mois (maintenant, il y a quelques années), un des intervenants nous avait conté une parabole prenant pour
acteur le colibri, ce tout petit oiseau des Amériques. La scène se déroule dans
la forêt équatoriale. Elle est en flammes. Tous les animaux de la forêt fuient
le brasier, chacun pour soi. Sauf un. Notre colibri. Avec son bec, il vole à
l’étang le plus proche de la fournaise, prend quelques gouttes d’eau et vient les
jeter au plus proche du désastre, tentant d’éteindre le feu. Interloqués,
d’autres animaux s’arrêtent de courir pour observer les efforts du tout petit
pompier. Ils finissent par l’arrêter, lui criant : “Tu es fou. Tu vois
bien que ça ne sert rien. Que tu es bien trop petit pour parvenir à circonscrire
l’incendie”. Le colibri, essoufflé, leur répond : “Je sais. Mais j’aurais
au moins essayé”.
L’histoire ne dit pas si les autres animaux ont
aidé notre colibri. Ce que je sais, c’est que j’essaie chaque jour d’être un
colibri, triant mes déchets, surveillant ma consommation d’électricité, de gaz,
ramassant les paquets de cigarettes que d’autres… “animaux” jettent dans la rue,
levant le pied. Et je rêve… Je rêve que nous sommes tous des colibris. Je rêve
que plus aucun petit furet ne mourra heurté par une voiture conduite par un
être qui n’aura d’être humain que le nom.